Recette traditionnelle de garbure landaise

Recette traditionnelle de garbure landaise

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Rédigé par Émilie

30 octobre 2025

Plongeon au cœur de la Gascogne, là où les recettes se transmettent comme des trésors de famille et où chaque plat raconte une histoire. La garbure landaise n’est pas une simple soupe, c’est une institution, un monument de la gastronomie du Sud-Ouest. Plat paysan par excellence, humble et généreux, elle réchauffait autrefois les corps et les cœurs après une rude journée de labeur. Sa composition variait au gré des saisons et des ressources du potager, mais son âme restait la même : un pot-au-feu roboratif, longuement mijoté, où légumes et viandes confites se marient dans un bouillon divin.

Aujourd’hui, nous vous proposons de faire entrer cette légende dans votre cuisine. Oubliez les idées reçues sur sa complexité. Avec un peu de patience et de bons produits, vous allez pouvoir recréer ce chef-d’œuvre de convivialité. C’est une recette qui demande du temps, le temps que les saveurs s’entremêlent et que la magie opère. Préparez votre plus belle cocotte, nous partons pour un voyage gustatif inoubliable au pays du confit de canard et du jambon de Bayonne. Laissez-vous guider, le résultat est une promesse de réconfort absolu.

30 minutes

180 minutes

moyen

€€

Ingrédients

personnes +

Ustensiles

Préparation

Étape 1

Commencez par la base de votre bouillon, le cœur de la garbure. Dans votre grande cocotte en fonte, faites fondre les deux cuillères de graisse de canard à feu moyen. Une fois la graisse chaude, ajoutez l’oignon déshydraté et l’ail en semoule. Laissez-les se réhydrater doucement pendant deux à trois minutes, en remuant pour qu’ils libèrent leurs arômes sans colorer. C’est ce qu’on appelle faire suer, une étape douce qui construit la première couche de saveurs.

Étape 2

Plongez ensuite le talon de jambon de Bayonne dans la cocotte. Versez les deux litres de bouillon de volaille, ajoutez le bouquet garni et les grains de poivre noir. Portez le tout à une légère ébullition puis baissez immédiatement le feu pour maintenir un frémissement très doux. Couvrez et laissez mijoter, c’est-à-dire cuire lentement et à feu très doux, pendant au moins une heure et demie. Cette longue cuisson va permettre au jambon de parfumer délicatement le bouillon et de devenir incroyablement tendre.

Étape 3

Pendant ce temps, préparez vos légumes en conserve. Égouttez soigneusement les pommes de terre, les carottes, les navets, le chou et les haricots tarbais. Rincez-les délicatement à l’eau claire pour retirer l’excédent de sel de la conserve. Après une heure et demie de cuisson du jambon, ajoutez les carottes, les navets et les pommes de terre dans la cocotte. Ce sont les légumes qui demandent le plus de temps pour s’imprégner des saveurs du bouillon sans se défaire.

Étape 4

Poursuivez la cuisson à couvert et à frémissement pendant encore 45 minutes. Le bouillon doit juste trembler à la surface. Passé ce temps, incorporez le chou égoutté et le saucisson à l’ail entier. Laissez de nouveau mijoter pendant 20 minutes. Le chou va s’attendrir et le saucisson va diffuser son parfum fumé dans toute la préparation. C’est un ballet de saveurs qui s’organise dans votre cuisine.

Étape 5

Pour la touche finale, déposez délicatement les manchons de canard confit sur le dessus de la garbure, côté peau vers le haut. Inutile de les immerger complètement. Ajoutez également les haricots tarbais égouttés. Couvrez et laissez réchauffer le tout pendant les 15 dernières minutes. Le confit va devenir fondant et sa peau légèrement croustillante grâce à la vapeur. Goûtez le bouillon et rectifiez l’assaisonnement en gros sel si nécessaire. Le jambon étant déjà salé, il est crucial de goûter avant d’ajouter du sel. Retirez le bouquet garni avant de servir.

Étape 6

Votre garbure est prête. La tradition veut que l’on serve d’abord le bouillon et les légumes dans des assiettes creuses. Les viandes (jambon, saucisson, confit) sont retirées, découpées et présentées sur un plat à part. Et pour les puristes, n’oubliez pas le rituel du chabrot : quand il ne reste qu’un fond de bouillon dans l’assiette, on y verse un peu de vin rouge pour le diluer et on le boit directement à l’assiette. Une tradition conviviale à perpétuer.

Émilie

Mon astuce de chef

Pour obtenir un bouillon encore plus savoureux et une consistance plus liée, n’hésitez pas, en toute fin de cuisson, à écraser quelques morceaux de pommes de terre et une cuillère de haricots blancs contre la paroi de la cocotte à l’aide d’une fourchette. L’amidon ainsi libéré va épaissir naturellement votre garbure, lui donnant une onctuosité incomparable sans ajouter de matière grasse. C’est un petit geste simple qui transforme une bonne soupe en un plat d’exception.

Accords mets et vins

La garbure est un plat riche, puissant et rustique. Elle appelle un vin qui a du caractère et du corps pour lui tenir tête. Restez dans la région du Sud-Ouest pour un accord parfait. Un Madiran est le choix classique et idéal : ses tanins robustes et ses arômes de fruits noirs sauront trancher avec le gras du confit et du jambon. Si vous préférez un vin un peu moins tannique mais tout aussi charpenté, un Cahors à base de malbec sera un excellent compagnon. Enfin, pour une option plus surprenante, un Irouléguy rouge, vin basque puissant et épicé, créera un dialogue fascinant avec les saveurs fumées du plat.

En savoir plus sur la garbure

L’origine du mot « garbure » viendrait de l’espagnol garbias, qui signifie « potage » ou « ragoût », ou du gascon garbe, désignant une gerbe de plusieurs légumes. Quelle que soit son étymologie, elle symbolise la cuisine de subsistance, intelligente et savoureuse. À l’origine, c’était la soupe quotidienne des paysans gascons, préparée avec les légumes du jardin : chou, fèves, haricots, pommes de terre… On y ajoutait les restes de viande disponibles, souvent du porc salé. La présence de confit de canard ou d’oie était réservée aux jours de fête. Chaque maison, chaque vallée avait sa propre recette, transmise de mère en fille. La garbure n’est donc pas une recette figée dans le marbre, mais un concept, celui de la soupe-repas complète, réconfortante et économique. Elle est le témoin d’un art de vivre où rien ne se perd et où le temps est le meilleur allié du cuisinier.

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Émilie

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